dimanche 31 août 2008

Conseils

En construction.

Trajet

Trajet complet : 385 km
Dimanche 20 juillet (1ère journée) : 86 kmLundi 21 juillet (2ème journée) : 108 km
Mardi 22 juillet (3ème journée) : 100 kmMercredi 23 juillet (4ème journée) : 91 km

Technique

Mon vélo électrique
J’ai utilisé un Matra i-step City taille S acheté en juillet 2007 à Neovelo avec 2 batteries (la batterie NiMh d'origine du Matra et une 2ième batterie identique pour adapter l'autonomie à la distance journalière) :
  1. équipé de série
    - d’un antivol système AXA Defender,
    - du kit Bionx moteur (brushless 250 W dans le moyeu de la roue arrière) + batterie (NiMh 24V 8,5Ah, de 4,1 kg logé dans le cadre, verrouillé par clé antivol et déposable pour recharge sur secteur) + console de commande (4 niveaux en mode assistance + 4 niveaux en mode régénération, avec affichage de la vitesse, du kilométrage, du niveau de charge de la batterie entre 0 et 8 barres…),
    - un dérailleur arrière 8 vitesses SRAM,
    - un phare avant et un phare arrière,
    - des garde boue avant et arrière,
    - une sacoche de selle…

  2. avec les accessoires suivants qui ne sont pas d’origine :
    - un couvre chaîne (non monté d’origine sur les premiers modèles),
    - un plateau de 44 dents (en remplacement du 38 d'origine), pour optimiser la vitesse de croisière,
    - un porte-bidon,
    - et surtout des pneus Schwalbe "Marathon Plus" de 25 mm (en remplacement des Hutchinson de 37 mm), pour réduire la résistance au roulement, donc l’énergie électrique consommée et aussi améliorer la vitesse de croisière (l'effet est loin d'être négligeable).
Le poids du vélo ainsi équipé (batterie incluse) est de 25 kg environ.

Le parcours
jour

avec bagages

sans bagages

distance totale (km)

vitesse moyenne (km/h)

changt 1ère batterie

1

86 km

-

86 km

23,0

55,0 km

2

108 km

14 km

122 km

23,5

51,6 km

3

100 km

10 km

110 km

24,0

59,2 km

4

91 km

-

91 km

24,8

?

Total

385 km

24 km

409 km

23,8

-

Soit environ un total 17h de vélo et en moyenne moins de 4h30 par jour.
Au bilan technique, je n'ai eu aucune panne mécanique ou électrique, en particulier aucune crevaison, durant les 409 km de mon périple.

Gestion de l’énergie électrique
J’ai utilisé essentiellement le niveau d’assistance 1 sur presque tout le parcours (> 98%), excepté lors des 2 plus fortes côtes entre Chevreuse et Cernay la ville et à Saint Aubin Le Dépeint en niveau 2 sur environ 1 à 2 km chacun et, évidemment lors des descentes en mode régénération (sans doute une bonne dizaine de km sur les 400 km du périple). Cette gestion de l’assistance sur un parcours au relief faible proche du plat explique qu’en fin d’étape il me restait souvent 1 barre (sauf la 2ème journée : les 2 batteries complètement épuisées), soit 10 à 15 km d’autonomie supplémentaire avec la 2ème batterie.
L’intérêt du vélo électrique est que l’on peut continuer à rouler sans énergie électrique, même avec des bagages, mais sur une distance raisonnable (5 à 10 km en plat sans problème). En effet le moteur possède un frein naturel, ce qui, ajouté au poids élevé du vélo, tend à augmenter notablement l’effort du cycliste par rapport à un vélo non électrique.
Bien sûr une bonne optimisation de l’énergie électrique résulte surtout de l’expérience acquise sur son vélo électrique. Je me souviens que mon premier trajet en Matra i-step il y a un an a à peine excédé 20 km, car j'étais resté en assistance 4 en appuyant bien fort sur les pédales. Récemment j'ai réussi à atteindre exactement 70 km avec mon Matra i-step, équipé des pneus d'origine et sans bagages, sur un relief à peu près plat, sans aucun problème (limite supérieure de l'autonomie indiqué par le constructeur), entre Châtenay-Malabry et les Vaux de Cernay aller et retour par la vallée de Chevreuse.
J’ai par exemple remarqué avec le Matra i-step qu’il faut éviter d’appuyer sur les pédales quand on amorce une côte, voire un faut plat, quand on veut compenser la résistance de l’air en cas de vent contraire (de face ou de côté), car le système dit intelligent Bionx compense par une augmentation de l’énergie électrique envoyée au moteur pour maintenir un même niveau de vitesse constant ou un niveau approché, sans que le cycliste ne le ressente de façon bien perceptible. Il faut donc lever le pied, c’est-à-dire appuyer un peu moins fort, si l’on veut économiser son énergie électrique. Bien sûr on peut appuyer plus fort, mais au détriment de l'autonomie. Tout dépend de l'effet recherché : vitesse ou autonomie.

Les bagages
L’ensemble des accessoires vélo et bagages emportés pesait sur la balance au départ environ 17 kg.
Je vous livre à toutes fins utiles la liste complète des objets emportés ci-dessous.
Exceptés les vêtements que je portais sur moi, tout le reste était rangé soit dans la sacoche de guidon (objets qui ont besoin d'être les plus accessibles), soit dans les sacoches double arrière.
La 2ème batterie et les 3 sacoches à vide pèsent à elles seules 6 kg.
Si le poids peut vous paraître excessif, dans l'hypothèse d'étapes plus courtes, moins de 80 km, je pense pouvoir réduire aisément de 17 kg à moins de 10 kg, ce qui ne représenterait que environ 10% du poids total "vélo + cycliste + bagages", ce qui est peu finalement en poids relatif.

Matériels vélo
  1. 2ème batterie NiMh
  2. clé batterie + clé antivol vélo AXA Defender
  3. 1 anti-vol léger avec clé (en complément de l’antivol AXA Defender)
  4. casque vélo (recommandé pour un périple)
  5. chargeur pour batterie NiMh du Matra i-step
  6. 1 sacoche de guidon de grande capacité
  7. sacoches double pour porte-bagages arrière
  8. 1 mini lampe torche
  9. 1 jeu de 10 clés Rockrider + clé plate (démontage roue arrière)
  10. 1 pompe à vélo GPA Cycle (avec manomètre de pression)
  11. nécessaire de réparation de chambres à air (rustines, colle, papier de verre, jeu de démonte pneu),
  12. 1 couteau multi usage
  13. 2 chambres à air 700 (une seule aurait suffi)
  14. chatterton (pour réparation de fortune)
  15. 1 sandeau
  16. sacs plastiques (pour protéger le chargement dans les sacoches arrière en cas de forte pluie)
  17. chiffons textile (très utile, en cas de réparation)

Matériel orientation
  1. 4 cartes Michelin (Eure-et-Loir / Yvelines, Indre-et-Loire / Eure-et-Loir, France, Deux-Sèvres)
  2. 1 GPS Mio (avec chargeur allume cigare et adaptateur secteur)
  3. horaires de train SNCF (fiches horaire pour le voyage de retour vers Paris en train + vélo)

Matériel vestimentaire
  1. 1 cuissard vélo
  2. 1 tenue été vélo manches courtes
  3. 1 casquette
  4. 1 paire de gants de vélo été
  5. 1 montre étanche
  6. 1 ceinture de voyage (pour emporter les documents et objets importants : CI, carte de crédit, téléphone portable, clés…, que je gardais toute la journée sur moi)
  7. 1 paire de lunettes de soleil
  8. 1 veste pluie en Gore Tex (au cas où…)
  9. 1 pyjama + sous-vêtement
  10. 1 pantalon long été (+ ceinture)
  11. 1 pantalon court été
  12. 1 short de secours
  13. 4 chemisettes
  14. 3 slips
  15. 1 maillot de bain (+ mini serviette de bain)
  16. mouchoirs tissu et papier,
  17. 1 trousse de toilette (en particulier nécessaire lentilles, parapharmacie, nécessaire de rasage…)
  18. 1 crème à bronzer en tube
  19. 1 paire de chaussures Lacoste (une seule paire de chaussures pour le périple)
  20. 3 paires de chaussettes
  21. 1 rouleau de papier toilettes

Alimentation / boisson
  1. 2 bouteilles d’eau plastique (0,5l), 1 bidon (0,8l) + porte bidon
  2. barres céréales et fruits secs (dattes, figues sèches)
  3. fruits frais (pomme, orange, banane…)
  4. sandwichs

Matériels loisirs
  1. 1 téléphone portable (+ mini chargeur téléphone + batterie secours chargée)
  2. 1 appareil photo numérique (+ carte SD 2 Go + chargeur + câble secteur + câble vidéo + câble USB)
  3. 1 connecteur multicarte + 1 clé USB (pour le transfert éventuel de photos sur ordinateur)

Matériels divers
  1. porte feuille
  2. carte(s) de crédit
  3. cartes de visite
  4. carte identité + permis de conduire
  5. espèces (billets, pièces),
  6. 1 carte " en cas d’accident "
  7. 1 chéquier
  8. clés domicile + clés maison Boismé
  9. 1 carnet de note + 2 stylos à bille
  10. sacs plastiques petits et grands (très utile pour ranger dans les sacoches…)

Au total le vélo, le cycliste habillé et les bagages pesaient environ 116 kg, dont 42 kg pour le vélo et les bagages (cela a été le poids à hisser pour monter d’un seul coup son vélo dans un train de grande ligne au retour sur Paris).

Jour 4

Mercredi 23 juillet (4ème journée)
Lever à 8h30 (maintenant le rythme est pris), après une bonne nuit de sommeil. Accueil toujours aussi parfait pour le petit déjeuner en maison d’hôte : quel plaisir de commencer ainsi la journée ! Je décide de profiter de cette très belle journée qui s’annonce (ciel parfaitement bleu, température agréable pour l’instant) pour visiter Candes Saint Martin et découvrir le point de vue vers Candes et Montsoreau depuis la pointe entre la Vienne et la Loire.
Comme cette dernière étape est la plus courte, environ 70 km avec le trajet prévu initialement, je me laisser aller à quelques détours. Au lieu de repartir de Fontevraud plein sud-ouest vers Thouars, je rejoins la Loire à Candes et Montsoreau, puis descends le fleuve jusqu’à Souzay-Champigny avant de monter vers le sud dans le vignoble du Saumur-Champigny, puis enfin filer vers Thouars.
Très beau panorama à la confluence de la Vienne et de la Loire sur Candes Saint Martin (au premier plan sur la gauche), classé comme un des plus beaux villages de France, et sur Montsoreau (au loin plein ouest). Un autochtone m’assure que ce côté la baignade dans la Vienne n’est pas dangereuse : en effet l’eau est ce matin très calme, et le courant de la Vienne semble bien moins puissant que celui de la Loire, beaucoup plus large.
Le long de la Loire, je croise ou double de nombreux cyclotouristes, qui la plupart du temps prennent leur temps pour trouver leur route ou profiter nonchalamment du paysage. De ce côté de la Loire, les villages sont aménagés au bord ou à flanc d’une falaise d’une trentaine de mètres, avec de nombreuses habitations et caves troglodytes (surtout vinicoles).
Je quitte la Loire au niveau de Souzay-Champigny pour visiter une cave vinicole (Cave de Saumur – vignerons d’origine) à Saint-Cyr en Bourg, au milieu de vignobles à perte de vue.
Cette région offre différents circuits découverte à pied ou en vélo :
  1. avec de beaux panoramas,
  2. la traversée de villages ayant préservé leur charme et leur patrimoine,
  3. à proximité de la Loire et du Thouet,
  4. et bien sûr de (très) nombreuses caves à vin, où tout caviste, des vendeurs de coopératives aux propriétaires récoltants, est prêt à vous faire goûter son "nectar"…
Je me laisse tenter mais juste une fois, car la chaleur devient lourde et il reste entre 30 et 40 km avant l’arrivée, pour goûter. Je rapporte néanmoins une bouteille de rosé.
Je passe devant le château de Brézé, avant de descendre dans le Thouarsais, la région de Thouars où la rivière du Thouet a creusé une large vallée en direction de Saumur. Plus à l’est, à quelques kilomètres seulement, sur des hauteurs dominant la vallée d’une quarantaine de mètres, la forêt de Fontevraud où se situe le camp militaire du même nom fermé à la circulation civile uniquement lors d’exercices de tir, ce qui arrive très rarement.
Je remonte la vallée de la Dive, affluent du Thouet, qui longe une faille à l’est reliant Saint Léger de Montbrillais, Ternay, Curçay sur Dive, Ranton... C’est un région de culture du melon charentais renommée en France et à l’étranger (avec les producteurs Soldive, leader français du melon charentais, basée à Brie plus au sud, et Rouge Gorge…). Je profite d’un petit espace protégé par le seul arbre ou presque rencontré dans cette vallée pour pique-niquer, me reposer un moment et surtout profiter du site.
Après cette pause déjeuner, la fin du parcours va s’enchaîner rapidement, ce que montrera nettement ma vitesse moyenne malgré un relief qui s’accentue nettement sur les 15 derniers kilomètres dans le bocage bressurais (région de Bressuire), qui souvent est une succession de montées et de descentes, une hantise pour le cyclotouriste.
Je passe Thouars, une des grandes villes des Deux-Sèvres avec Niort (de loin la plus développée), Bressuire (également dynamique) et Parthenay, en traversant la vallée du Thouet et son joli point de vue vers le centre ville situé sur un promontoire. Je ne m’arrête pas en chemin car il fait chaud et la circulation devient chargé au passage de ce nœud routier et économique à Thouars. Ensuite j’ai choisi de passer par la route de Saint-Varent, puis Pierrefitte et Faye l’Abbesse, dernier village (environ 10 km) avant Boismé, le point d’arrivée du périple.
C’est surtout après Saint-Varent où passe le Thouaret, affluent du Thouet, petite rivière traversant également Boismé et prenant sa source quelques kilomètres en amont à l’ouest sur une colline plus élevée, que le relief est plus mouvementé. Malgré le surcroît d’effort pour monter de +30 m le long de la Loire à +200 m à la vierge du Gat, juste avant Boismé, le dénivelé est si progressif que la montée n’est pas perceptible à l’œil et je ne me sens pas plus fatigué que les autres jours.
Changement également de végétation, les grandes plaines peu boisées du Thouarsais sont remplacées par une mosaïque de champs, d’enclos pour l’élevage, de bois qui forme le bocage du pays de Bressuire, le tout entrecoupé de rivières, ruisseaux, étangs souvent artificiels, le vert bien marqué succédant au jaune/vert des plaines. Cet enchevêtrement compliqué du bocage vendéen explique la résistance de tout un peuple pendant la guerre des chouans à la révolution française. La mémoire de cette période est encore bien vivace dans la culture et les esprits des anciens.
L’arrivée à Boismé arrive presque brusquement après une descente de 50 m sur 2 km sur une route fraîchement gravillonnée où je suis obligé de freiner pour ne pas dépasser 50 km/h (je me suis donné cette limite pour préserver ma sécurité). Petite côte après passage du ruisseau et de l’étang de Boismé pour rejoindre la place de l’Église et descendre la rue Saint-Mérault sur quelques mètres. J’arrive devant la maison familiale avec une excitation bien naturelle d’avoir réussi mon périple mais aussi cette impression étrange, mélange à la fois d’une sensation de facilité comme si j’étais parti la veille, que le périple n’était pas aussi difficile que je pouvais le craindre, mais aussi cette autre impression d’épaisseur faite de souvenirs, d’émotions après ce voyage de 4 jours bien remplis.
Il fait beau, de plus en plus chaud, la rue est déserte ce mercredi à 16h pile de l’après midi. Je suis arrivé enfin : je pousse un youpee de joie ! Maintenant passage à un voyage virtuel en racontant mon périple sur ce blog, pour tenter de relier monde réel et monde de l'imaginaire !

Jour 3

Mardi 22 juillet (3ème journée)
Lever à 8h30 comme d’habitude (le rythme se met en place peu à peu !). Excellente nuit de sommeil malgré la fatigue de cette longue 2ème étape de la veille et un dîner bien arrosé. Le site très calme et chargé d’histoire y est sans doute pour beaucoup.
Mais le calme va être de courte durée. Pour lever le doute qui m’envahit rapidement en rassemblant mes esprits au lever, je descends dans la cour avec mes batteries pour tester leur charge sur le vélo et j’aperçois que je n’ai rechargé hier soir qu’une des deux batteries : j’ai complètement oublié après le dîner de lancer la charge de la 2ème batterie. Je décide de rester 3 heures (au lieu de 1h30 pour les préparatifs) pour la recharge complète ou presque de la batterie (en général il faut compter 3h30 à 4h). Même si la charge n’est pas complète, elle devrait être suffisante pour cette étape de 99 km jusqu’à Fontevraud, quitte à terminer sans batterie les derniers kilomètres sur du plat.
J’en profite pour prendre un bon petit déjeuner à la table de la cuisine bien garnie de croissants et de confitures maison et d’échanger avec Mme Huguet à propos de leur histoire dans cette commanderie pour aménager une maison d’hôte, puis prochainement un gîte, et les ateliers du goût de leur fille Nadège. Puis pour profiter du grand beau temps et d’une température encore agréable je prends quelques photos en faisant le tour de la propriété jusqu’au sommet de la colline qui domine la vallée du Loir. Je termine par une visite plus complète des différents bâtiments de la commanderie, en particulier l’étable creusée dans la falaise transformée en salle pour danser.
Départ enfin à 11h45 avec un beau ciel bleu sans aucun nuage (le rêve du cyclotouriste !) pour descendre la vallée du Loir en pente très douce jusqu’au Gué de Mézières (juste après le passage au dessus de la nouvelle autoroute A28 entre Le Mans et Tour), en passant successivement par Couture sur Loir (dommage de ne plus disposer de temps pour visiter l’Ile verte), Tréhet, La Chartre sur le Loir (centre touristique et gastronomique), Marçon. C’est au Gué de Mézières que j’avais envisagé un moment m’arrêter en fin de 2ème journée, car j’avais trouvé une maison d’hôte avec piscine où une place était disponible, mais l'étape aurait été vraiment trop longue (plus de 130 km).
Le soleil commence à bien cogner quand je prends mon élan pour l’une des deux plus grandes côtes du périple, à Saint-Aubin le Dépeint, qui me va me permettre de passer de la vallée du Loir à la vallée de la Loire : environ 70 mètres de dénivelé mais sur une pente assez raide (environ 10% sur la fin), qui m’oblige à terminer en danseuse. Pour récupérer je fais une pause tout en haut à l’ombre d’une usine de conditionnement de pommes et décide d’y déjeuner étant donné l’heure déjà tardive, près de 13h30, et le besoin de reprendre des forces.
Le passage sur ce plateau plus ou moins vallonné et parsemé de grands champs de pommiers et poiriers s’effectue sans aucun problème jusqu’à la traversée de Château-la-Vallière, ville importante de cette région traditionnellement agricole. Arrêt en sortie de la ville, au bord du plan d’eau du Val Joyeux où je m’étais déjà arrêté pour pique-niquer. L’endroit est si agréable, avec ce grand beau temps, que je me serais baigné, s’il ne me restait pas encore bien des kilomètres à rouler (couper ainsi mon effort à environ mi-parcours n’était pas raisonnable).
Maintenant, entre Château-la-Vallière et Bourgueil c’est une succession de plaines céréalières et surtout de forêts, qui invite à la détente. Je regrette de ne pas pouvoir m’arrêter et flâner. Je passe successivement Channay sur Lathan, Rillé, Gizeux alors qu'une chaleur heureusement pas encore caniculaire s’est abattue sur toute la région : je dois me désaltérer et me mettre de la crème solaire régulièrement.
Après une descente en suivant une vallée étroite et boisée, je m'arrête à l’office de tourisme de Bourgueil, en me perdant un peu dans le centre ville pour vérifier les horaires de visite de l’abbaye de Fontevraud. La fin du parcours est rapide : je ne perds pas une seconde afin de pouvoir pleinement profiter de la visite de l’abbaye.
Arrivée à la maison d’hôte de ce soir chez Mme Courant à 16h52. Le temps de déposer mes affaires, de prendre une douche et de lancer une recharge de batterie, je suis à l’abbaye 20 mn plus tard, après 1,5 km à vélo pour rejoindre le centre ville avec un sentiment de liberté, libéré de tous mes bagages.
Finalement je dispose d’1h30 pour visiter l’imposant et parfaitement conservé ensemble architectural que constitue l’abbaye royale de Fontevraud. Abbaye de 1101 à 1792, prison centrale de 1804 à 1963, Fontevraud est aujourd’hui un Centre Culturel de Rencontre. Je commence à sentir de plus en plus lourdement la chaleur du soleil et la fatigue de l’étape, j’en profite pour méditer en découvrant l’ensemble du domaine depuis les jardins des Regards qui dominent le site à l’est. Je rentre à la maison d’hôte pour mettre à jour mon cahier journalier et me reposer une bonne heure.
Dîner sur la péniche Aigue-Marine recommandée par l’office du tourisme de Fontevraud et Mme Courant. Très beau panorama sur la Loire, la température est très douce. La serveuse du restaurant me conseille de découvrir le site tôt le matin au lever du soleil depuis la confluence de la Vienne et de la Loire, car la lumière illumine alors parfaitement Candes Saint-Martin et Montsoreau.

Jour 2

Lundi 21 juillet (2ème journée)
Lever à 8h30, cette fois-ci comme prévu, après une nuit pas toujours profonde (réveil vers 5h du matin…) mais néanmoins calme, certainement liée aux émotions et à l’excitation de la veille, la toute première journée de mon périple. Au réveil, un beau soleil éclaire d’une lumière pure le jardin sur lequel donne ma chambre.
Petit déjeuner copieux et très complet (café, pain, croissant, confitures, céréales, lait, fruits frais, fromages, yaourts...) servi avec raffinement dans la salle à manger par M. Fleury : tout le charme de la chambre d’hôte le matin ! Bien évidemment je profite largement et avec délectation de ce repas très important pour le cyclotouriste : prendre une alimentation suffisante et équilibrée pour l’effort physique et moral de la journée !
Pendant la matinée, le temps passe du variable à carrément nuageux avec un vent frais de côté parfois de 3/4, pas trop freinant mais bien désagréable. La température est inférieure à 20°C et je suis obligé de sortir ma veste manches longues, en général réservée au printemps et à l’automne, si bien que je ne m’attarde pas à prendre la moindre photo jusqu’à la pause déjeuner.
Je suis inquiet au départ, car dès 17 km j’ai perdu déjà 4 barres sur les 8 que visualise ma console de commande pour mesurer l’état de charge de la batterie. Mais je sais que l’affichage par barres n’est pas du tout linéaire (les 4 premières barres représentant environ le tiers du parcours avec toute la batterie). La suite me montrera que j’ai en effet consommé plus rapidement que d’habitude.
C’est entre Chartres et Brou, que la circulation est la plus chargée de tout mon périple, essentiellement entre Chartres et Illiers-Combray, soit 21 km ou environ une heure d’effort, avec ce vent continuel, sur un terrain désespéremment plat.
Arrêt déjeuner aux Bidaudières entre Chapelle-Royale et Le Gault-Perche, petit hameau au km 51,6. Le soleil vient enfin de réapparaître depuis Brou, je peux enfin sortir ma crème solaire ! Pique-nique à l’ombre d’un arbre devant une ferme. L’agriculteur qui passe pour cueillir quelques tomates dans son jardin à proximité me rassure sur le temps, qui doit se maintenir et même s’améliorer les jours suivants.
La 1ère batterie est épuisée : c’est une performance moyenne pour un trajet aussi plat. Mais l’explication d’un épuisement plus rapide de la batterie provient certainement de la combinaison du maintien d’un rythme de croisière élevé à 27-28 km/h et d’un vent assez fort, ce qui accentuait la résistance de l’air, donc mon effort de pédalage et la puissance électrique envoyée au moteur. En effet le système moteur de mon vélo est un système dit « intelligent » qui envoie un niveau de courant électrique proportionnel à la pression sur les pédales, afin de maintenir une vitesse du vélo constante : cela donne une impression de facilité, mais la consommation électrique grimpe et l’autonomie de la batterie chute !
Dans l’après midi, après avoir passé Le Gault-Perche, sans grand intérêt, je m’arrête à la Commanderie templière d’Arville, une des mieux conservées en France. Je découvre en parcourant les très nombreuses plaquettes à l’accueil un site touristique méritant largement le détour pour une plongée au cœur du moyen âge : la visite du remarquable ensemble de bâtiments du XIIe, XVe et XVIe siècles, les animations estivales (musique, marché, théâtre, fête sur le thème du moyen âge). Je ressens surtout une atmosphère particulière loin du tumulte de la vie moderne, certainement liée au choix du site géographique par nos ancêtres du moyen-âge ou peut-être parce que le lieu s’est chargée d’une longue histoire de vie. Ne pouvant laisser aisément mon vélo avec tous les bagages sans surveillance, je décide de remettre la visite à une autre fois, en voiture ou en vélo moins chargé.
Ensuite, je file rejoindre les vallées de la Grenne, puis de la Braye (à partir de Sargé sur Braye) jusqu’au terminus de la journée, à la confluence de la Braye et du Loir, où j’ai réservé une chambre d’hôte dans la commanderie d’Artins. Pour éviter la remontée par le centre ville de Mondoubleau, situé sur un promontoire d’une trentaine de mètres, j’emprunte la route de Baillou en restant côté rive droite de la Grenne, le parcours est bien plus bucolique et offre un beau panorama sur la ville, située à la frontière du Perche et du Vendomois, et qui a gardé, comme nombre de communes alentour, son caractère typique en raison de son éloignement de toute grande ville. Je rejoins la route principale à Cormenon, ce qui me permet d’apprécier en arrière la tour penchée de Mondoubleau et son équilibre mystérieux.
J'arrive à la commanderie d’Artins à 16h45 (au km 108), après avoir longé la Braye côté rive gauche depuis Bessé sur Braye sur une petite route semblant faite pour le cyclotourisme, ce qui m'a permis d'éviter la route principale plus ennuyeuse et plus encombrée par la circulation.
Le site, une petite commanderie en cours réhabilitation depuis un an grâce à l’énergie de la famille Huguet, semble représenter le summum de la maison d’hôte pour le cyclotouriste : un ensemble architectural bien conservé chargé d’histoire, un lieu très paisible à l’écart du village, une vue imprenable sur la vallée du Loir et un accueil digne d’un relais château. Je ne vais pas regretter de profiter de la table d’hôte, comme la dizaine d’autres convives de la soirée, après un apéritif et ses amuses gueule maison dans la cour sous les parasols. Le temps est splendide.
Mais auparavant, pour récupérer de l’effort de la journée et recharger un peu la batterie (il devait me rester à l’arrivée de quoi faire 2 à 3 km avec la 2ième batterie) je m’octroie une heure de sieste avant de reprendre la route pour la visite du village troglodyte de Trôo, 6 km en amont au bord du Loir.
Difficile de décrire le village de Trôo, capitale incontestée de l’habitation troglodyte du Loir-et-Cher, dont les grottes datant en grande partie de l’époque médiévale forment un réseau complexe et profond qui ont souvent servi de refuges lors des invasions. Je ne résiste pas au plaisir de goûter un vin du Vendomois dans une cave évidemment creusée dans la falaise. Le goût est rustique un peu épicé, très terroir, fait d'un cépage très ancien, le pineau d'aunis, le plus ancien de la région et datant de l'antiquité. Je repars avec une bouteille, même si cela va charger un peu plus mon vélo. Il faut apprécier Trôo en découvrant le village de loin dans la vallée du Loir, puis la parcourir ruelle par ruelle (ou plutôt escalier par escalier) en prenant son temps depuis la rue en bord du Loir jusqu’au sommet, avec la collégiale, le puits qui parle…
Je reviens à la commanderie à 20h juste pour l’heure de l’apéritif, qui est un vin d’épines (appelé troussepinette en Vendée) accompagné de canapés également maison, le tout concocté par Nadège, la fille de la famille, grande prêtresse d’ateliers du goût qu’elle cherche à développer au profit des écoles de la région ou des visiteurs de la commanderie.
Le repas suit un peu plus tard encore un peu plus arrosé car je ne résiste pas au plaisir de goûter les différents mets et vins proposés. Coucher à presque minuit après cette longue journée de vélo (122 km au compteur), toutes ces émotions et le dîner. Le sommeil sera profond, long et très réparateur dans ce lieu si propice au repos.

Jour 1

Dimanche 20 juillet (1ère journée)
Lever à 8h20, après une nuit réparatrice des préparatifs et des émotions de la veille. Mais il me faudra plus de 3h pour terminer les préparatifs et surtout résoudre un problème technique qui risquait de compromettre la sécurité du périple (la nuit portant conseil, la résolution élaborée la veille au soir a trouvé sa solution le lendemain matin).
Enfin le départ à 12h pile. Le temps est variable : un air frais, un temps couvert et un soleil qui fait son apparition par intermittence. Quelle émotion de partir enfin après plusieurs mois de réflexion et de préparation dans les moindres détails, d’abord pour vérifier la possibilité de l’aventure, puis pour optimiser la stratégie en termes de sécurité et d’effort.
La première partie du trajet débute par la coulée verte de Châtenay-Malabry à Massy Palaiseau, puis remonte la vallée de Chevreuse en passant par Villebon sur Yvette, Orsay, Gif sur Yvette, Bures sur Yvette, Saint-Rémy les Chevreuse et Chevreuse (par le chemin de Coubertin à Choisel). Cette partie du parcours m’est bien connue pour l’avoir régulièrement emprunté, agréable, quasiment plate et bien peu encombrée de véhicules comme ce dimanche à une heure encore matinale pour la promenade dominicale. Je fais une petite pause pour vérifier ma monture et son chargement et me désaltérer, à Saint-Rémy les Chevreuse, juste avant la station terminus du RER B, qui sonne comme un point de non retour en cas de panne technique bloquante. Je continue de filer vers la seule difficulté de la journée, la côte entre Chevreuse et Cernay la ville (environ 90 m de dénivelé), au niveau de Choisel.La côte s’effectue sans problème à une vitesse modérée de 14-15 km/h malgré mes 17kg de bagages, en ne consommant qu’une barre sur les 8 que comporte la charge complète de la batterie. Je traverse peu après Cernay la ville et plus loin, pour contourner Rambouillet, je prends la " route du coin du Bois ", rectiligne (environ 6km), plate, en pleine forêt et surtout fermée aux véhicules à moteur (mon vélo électrique étant considéré par la règlementation comme un vélo peut accéder à toutes les pistes cyclables).
Je décide pour la pause déjeuner de pousser jusqu’à la décharge complète de la 1ère batterie, ce qui m’amène vers 14h30 à Haute-Maison (au km 55), petit hameau charmant juste après Orphin, que j’avais repéré deux semaines auparavant pendant mes entraînements. Parfait endroit pour pique-niquer, sur un petite place gazonnée, bordée d’un terrain de boules, de bancs et de rangées d’arbres. Le soleil cogne bien et j’apprécie de déjeuner à l’ombre sous un arbuste, assis sur un banc confortable.
La suite du parcours est également connu et facile, Ecrosnes/Ecrignolles, Gallardon avec son église et son donjon médiéval (appelé épaule de Gallardon) datant du XIIième siècle, puis Coltainville, avant d’arriver à Chartres : la traversée de la Beauce, parfois entrecoupée de petits vallons, souvent contrariée pour le cycliste par le vent d’ouest, qui aujourd’hui est modéré et plutôt de côté, donc pas trop gênant si l’allure est adaptée sans sur effort.
J’arrive à Chartres vers 17h sans fatigue particulière. Pour éviter de remonter vers le centre ville situé sur un promontoire je longe l’Eure sur plusieurs kilomètres par une très agréable piste cyclable dans un écrin de verdure très bien aménagé pour les loisirs jusque vers Luisant où se situe la maison d’hôte que j’ai réservé il y a quelques semaines.
Après 86 km au compteur j’arrive enfin à 17h30 chez Mme Fleury qui m’accueille chaleureusement dans sa maison proche de l’Eure, dans une rue très calme, parfaite pour le repos du cyclotouriste. Je gare mon vélo dans le garage au rez-de-chaussée avant de prendre une douche, puis repartir cette fois-ci à pied pour visiter le centre ville, situé à 3 km.
Place des Epars, près du centre ville complètement réaménagé en 2006 (dans le cadre de l'opération Coeur de ville), j’en profite pour faire une visite chez VELAND, sans doute le seul magasin de vélos électriques à Chartres, qui est en fait un show room pour professionnels. Après m’être présenté comme usager de vélos électriques, il m’invite à essayer en toute confiance plusieurs modèles. Je suis séduit par la version Luxe, batterie Lithium Ion, dont la poussée bien franche est un régal pour les sensations. Le responsable m’assure qu’il a une autonomie de 70 km : pour tout client potentiel de vélos électriques, c’est une donnée à toujours vérifier sur le terrain ! D'aspect rustique, les vélos VELAND sont solides, fonctionnels, confortables, dans une gamme de prix entre 800 et 1200€, bref un rapport qualité/prix intéressant.
Visite de la cathédrale, superbe autant à l’extérieur qu’à l’intérieur, très apaisante. Je ressens une énergie puissante et divine, pleine de force tranquille qui m’incite à brûler un cierge et faire quelques prières avec recueillement, avec l’impression que mes pensées montent plus facilement vers le ciel.
Pour continuer mon programme de visite, déception car j’ai raté un départ du Chart’train, le petit train qui m’aurait permis de découvrir tout le cœur de ville, le prochain étant trop tard, en fin de soirée. Je parcoure donc différentes ruelles à pied, découvre le très joli panorama derrière la cathédrale au nord sur la vallée de l’Eure. Je croise de nombreux visiteurs étrangers, japonais, américains, hollandais… mais après 20h je constate que le désert remplace rapidement l’animation de la journée, comme dans bon nombre de villes de province.
Dîner en face de la gare. Je rentre rapidement vers 23h, regrettant de ne pas avoir pris mon vélo et une veste, car la température a bien chuté. Une bonne douche avant de plonger dans une nuit réparatrice, la fatigue devenant en fin de journée bien présente.