dimanche 31 août 2008

Jour 2

Lundi 21 juillet (2ème journée)
Lever à 8h30, cette fois-ci comme prévu, après une nuit pas toujours profonde (réveil vers 5h du matin…) mais néanmoins calme, certainement liée aux émotions et à l’excitation de la veille, la toute première journée de mon périple. Au réveil, un beau soleil éclaire d’une lumière pure le jardin sur lequel donne ma chambre.
Petit déjeuner copieux et très complet (café, pain, croissant, confitures, céréales, lait, fruits frais, fromages, yaourts...) servi avec raffinement dans la salle à manger par M. Fleury : tout le charme de la chambre d’hôte le matin ! Bien évidemment je profite largement et avec délectation de ce repas très important pour le cyclotouriste : prendre une alimentation suffisante et équilibrée pour l’effort physique et moral de la journée !
Pendant la matinée, le temps passe du variable à carrément nuageux avec un vent frais de côté parfois de 3/4, pas trop freinant mais bien désagréable. La température est inférieure à 20°C et je suis obligé de sortir ma veste manches longues, en général réservée au printemps et à l’automne, si bien que je ne m’attarde pas à prendre la moindre photo jusqu’à la pause déjeuner.
Je suis inquiet au départ, car dès 17 km j’ai perdu déjà 4 barres sur les 8 que visualise ma console de commande pour mesurer l’état de charge de la batterie. Mais je sais que l’affichage par barres n’est pas du tout linéaire (les 4 premières barres représentant environ le tiers du parcours avec toute la batterie). La suite me montrera que j’ai en effet consommé plus rapidement que d’habitude.
C’est entre Chartres et Brou, que la circulation est la plus chargée de tout mon périple, essentiellement entre Chartres et Illiers-Combray, soit 21 km ou environ une heure d’effort, avec ce vent continuel, sur un terrain désespéremment plat.
Arrêt déjeuner aux Bidaudières entre Chapelle-Royale et Le Gault-Perche, petit hameau au km 51,6. Le soleil vient enfin de réapparaître depuis Brou, je peux enfin sortir ma crème solaire ! Pique-nique à l’ombre d’un arbre devant une ferme. L’agriculteur qui passe pour cueillir quelques tomates dans son jardin à proximité me rassure sur le temps, qui doit se maintenir et même s’améliorer les jours suivants.
La 1ère batterie est épuisée : c’est une performance moyenne pour un trajet aussi plat. Mais l’explication d’un épuisement plus rapide de la batterie provient certainement de la combinaison du maintien d’un rythme de croisière élevé à 27-28 km/h et d’un vent assez fort, ce qui accentuait la résistance de l’air, donc mon effort de pédalage et la puissance électrique envoyée au moteur. En effet le système moteur de mon vélo est un système dit « intelligent » qui envoie un niveau de courant électrique proportionnel à la pression sur les pédales, afin de maintenir une vitesse du vélo constante : cela donne une impression de facilité, mais la consommation électrique grimpe et l’autonomie de la batterie chute !
Dans l’après midi, après avoir passé Le Gault-Perche, sans grand intérêt, je m’arrête à la Commanderie templière d’Arville, une des mieux conservées en France. Je découvre en parcourant les très nombreuses plaquettes à l’accueil un site touristique méritant largement le détour pour une plongée au cœur du moyen âge : la visite du remarquable ensemble de bâtiments du XIIe, XVe et XVIe siècles, les animations estivales (musique, marché, théâtre, fête sur le thème du moyen âge). Je ressens surtout une atmosphère particulière loin du tumulte de la vie moderne, certainement liée au choix du site géographique par nos ancêtres du moyen-âge ou peut-être parce que le lieu s’est chargée d’une longue histoire de vie. Ne pouvant laisser aisément mon vélo avec tous les bagages sans surveillance, je décide de remettre la visite à une autre fois, en voiture ou en vélo moins chargé.
Ensuite, je file rejoindre les vallées de la Grenne, puis de la Braye (à partir de Sargé sur Braye) jusqu’au terminus de la journée, à la confluence de la Braye et du Loir, où j’ai réservé une chambre d’hôte dans la commanderie d’Artins. Pour éviter la remontée par le centre ville de Mondoubleau, situé sur un promontoire d’une trentaine de mètres, j’emprunte la route de Baillou en restant côté rive droite de la Grenne, le parcours est bien plus bucolique et offre un beau panorama sur la ville, située à la frontière du Perche et du Vendomois, et qui a gardé, comme nombre de communes alentour, son caractère typique en raison de son éloignement de toute grande ville. Je rejoins la route principale à Cormenon, ce qui me permet d’apprécier en arrière la tour penchée de Mondoubleau et son équilibre mystérieux.
J'arrive à la commanderie d’Artins à 16h45 (au km 108), après avoir longé la Braye côté rive gauche depuis Bessé sur Braye sur une petite route semblant faite pour le cyclotourisme, ce qui m'a permis d'éviter la route principale plus ennuyeuse et plus encombrée par la circulation.
Le site, une petite commanderie en cours réhabilitation depuis un an grâce à l’énergie de la famille Huguet, semble représenter le summum de la maison d’hôte pour le cyclotouriste : un ensemble architectural bien conservé chargé d’histoire, un lieu très paisible à l’écart du village, une vue imprenable sur la vallée du Loir et un accueil digne d’un relais château. Je ne vais pas regretter de profiter de la table d’hôte, comme la dizaine d’autres convives de la soirée, après un apéritif et ses amuses gueule maison dans la cour sous les parasols. Le temps est splendide.
Mais auparavant, pour récupérer de l’effort de la journée et recharger un peu la batterie (il devait me rester à l’arrivée de quoi faire 2 à 3 km avec la 2ième batterie) je m’octroie une heure de sieste avant de reprendre la route pour la visite du village troglodyte de Trôo, 6 km en amont au bord du Loir.
Difficile de décrire le village de Trôo, capitale incontestée de l’habitation troglodyte du Loir-et-Cher, dont les grottes datant en grande partie de l’époque médiévale forment un réseau complexe et profond qui ont souvent servi de refuges lors des invasions. Je ne résiste pas au plaisir de goûter un vin du Vendomois dans une cave évidemment creusée dans la falaise. Le goût est rustique un peu épicé, très terroir, fait d'un cépage très ancien, le pineau d'aunis, le plus ancien de la région et datant de l'antiquité. Je repars avec une bouteille, même si cela va charger un peu plus mon vélo. Il faut apprécier Trôo en découvrant le village de loin dans la vallée du Loir, puis la parcourir ruelle par ruelle (ou plutôt escalier par escalier) en prenant son temps depuis la rue en bord du Loir jusqu’au sommet, avec la collégiale, le puits qui parle…
Je reviens à la commanderie à 20h juste pour l’heure de l’apéritif, qui est un vin d’épines (appelé troussepinette en Vendée) accompagné de canapés également maison, le tout concocté par Nadège, la fille de la famille, grande prêtresse d’ateliers du goût qu’elle cherche à développer au profit des écoles de la région ou des visiteurs de la commanderie.
Le repas suit un peu plus tard encore un peu plus arrosé car je ne résiste pas au plaisir de goûter les différents mets et vins proposés. Coucher à presque minuit après cette longue journée de vélo (122 km au compteur), toutes ces émotions et le dîner. Le sommeil sera profond, long et très réparateur dans ce lieu si propice au repos.

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